terça-feira, 26 de junho de 2012

Lassidão

Lassitude

Paul Verlaine (1844-1896)

De la douceur, de la douceur, de la douceur!
Calme un peu ces transports fébriles, ma charmante.
Même au fort du déduit parfois, vois-tu, l’amante
Doit avoir l’abandon paisible de la sœur.

Sois langoureuse, fais ta caresse endormante,
Bien égaux tes soupirs et ton regard berceur.
Va, l’étreinte jalouse et le spasme obsesseur
Ne valent pas un long baiser, même qui mente!

Mais dans ton cher coeur d’or, me dis-tu, mon enfant,
La fauve passion va sonnant l’olifant!…
Laisse-la trompeter à son aise, la gueuse!

Mets ton front sur mon front et ta main dans ma main,
Et fais-moi des serments que tu rompras demain,
Et pleurons jusqu’au jour, ô petite fougueuse!

Lasitud

Paul Verlaine

Encantadora mía, ten dulzura, dulzura…
calma un poco, oh fogosa, tu fiebre pasional;
la amante, a veces, debe tener una hora pura
y amarnos con un suave cariño fraternal.

Sé lánguida, acaricia con tu mano mimosa;
yo prefiero al espasmo de la hora violenta
el suspiro y la ingenua mirada luminosa
y una boca que me sepa besar aunque me mienta.

Dices que se desborda tu loco corazón
y que grita en tu sangre la más loca pasión;
deja que clarinee la fiera voluptuosa.

En mi pecho reclina tu cabeza galana;
júrame dulces cosas que olvidarás mañana
Y hasta el alba lloremos, mi pequeña fogosa.

Serenata

Sérénade

Paul Verlaine

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline:
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.

Je chanterai tes yeux d’or et d’onyx
Purs de toutes ombres,
Puis le Léthé de ton sein, puis le Styx
De tes cheveux sombres.

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Puis je louerai beaucoup, comme il convient,
Cette chair bénie
Dont le parfum opulent me revient
Les nuits d’insomnie.

Et pour finir, je dirai le baiser
De ta lèvre rouge,
Et ta douceur à me martyriser,
- Mon Ange! – Ma Gouge!

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline:
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Serenata

Paul Verlaine

Como la voz de un muerto que cantara
desde el fondo de su fosa,
amante, escucha subir hasta tu retiro
mi voz agria y falsa.

Abre tu alma y tu oído al son
de mi mandolina:
para ti he hecho, para ti, esta canción
cruel y zalamera.

Cantaré tus ojos de oro y de onix
puros de toda sombra,
cantaré el Leteo de tu seno, luego el
de tus cabellos oscuros.

Como la voz de un muerto que cantara
desde el fondo de su fosa,
amante, escucha subir hasta tu retiro
mi voz agria y falsa.

Después loare mucho, como conviene,
A esta carne bendita
Cuyo perfume opulento evoco
Las noches de insomnio.

Y para acabar cantaré el beso
de tu labio rojo
y tu dulzura al martirizarme,
¡Mi ángel, mi gubia!

Abre tu alma y tu oído al son
de mi mandolina:
para ti he hecho, para ti, esta canción
cruel y zalamera.