terça-feira, 26 de junho de 2012

Serenata

Sérénade

Paul Verlaine

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline:
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.

Je chanterai tes yeux d’or et d’onyx
Purs de toutes ombres,
Puis le Léthé de ton sein, puis le Styx
De tes cheveux sombres.

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Puis je louerai beaucoup, comme il convient,
Cette chair bénie
Dont le parfum opulent me revient
Les nuits d’insomnie.

Et pour finir, je dirai le baiser
De ta lèvre rouge,
Et ta douceur à me martyriser,
- Mon Ange! – Ma Gouge!

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline:
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Serenata

Paul Verlaine

Como la voz de un muerto que cantara
desde el fondo de su fosa,
amante, escucha subir hasta tu retiro
mi voz agria y falsa.

Abre tu alma y tu oído al son
de mi mandolina:
para ti he hecho, para ti, esta canción
cruel y zalamera.

Cantaré tus ojos de oro y de onix
puros de toda sombra,
cantaré el Leteo de tu seno, luego el
de tus cabellos oscuros.

Como la voz de un muerto que cantara
desde el fondo de su fosa,
amante, escucha subir hasta tu retiro
mi voz agria y falsa.

Después loare mucho, como conviene,
A esta carne bendita
Cuyo perfume opulento evoco
Las noches de insomnio.

Y para acabar cantaré el beso
de tu labio rojo
y tu dulzura al martirizarme,
¡Mi ángel, mi gubia!

Abre tu alma y tu oído al son
de mi mandolina:
para ti he hecho, para ti, esta canción
cruel y zalamera.

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