-
Baudelaire -
L'homme et
la mer
Homme
libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton
esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de
cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes
tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul
n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul
ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et
cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement
vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
Merci à Maryline Sagot
Fonte : Rue verbe
Nenhum comentário:
Postar um comentário